• Exposition L’Hôtel particulier : Une ambition parisienne à la Cité de l’architecture et du patrimoine

    Exposition L’Hôtel particulier : Une ambition parisienne à la Cité de l’Architecture et du patrimoineLa Cité de l’architecture et du patrimoine, qui se trouve place du Trocadéro, accueille cette exposition temporaire. Un sujet tout à fait à sa mesure puisque cette dernière est entièrement dédiée à la connaissance de l’architecture de la ville sous toutes ses formes.

    Le scénario de l’exposition se déroule selon le plan parfait de la structure de ces hôtels qui fascinent à la fois par leur rigueur, mais aussi par leur fantaisie et leur décor : sculpture, ferronneries, boiseries. Hôtel entre cour et jardin, dit-on généralement. Toujours avec une entrée sur cour pavée à laquelle on accède par un portail unique. C’est dans cette cour que se garent les calèches, carrosses et chevaux. Elle est décorée aux armes du propriétaire avec de nombreux symboles et les fameux mascarons, dont un exemplaire se trouve dans la première pièce de l’exposition.

    Ensuite vient le corps de logis, aux nombreuses pièces en enfilades qui suivent un vestibule où se trouve généralement un bel escalier permettant d’accéder aux étages. Enfin, un jardin d’agrément termine l’ensemble, indispensable atour qui permet de faire oublier un instant au visiteur qu’il est en pleine ville. C’est à partir de ce plan que seront déclinés par centaines les variations qui font de chaque hôtel un lieu unique, une œuvre d’Art.

    L’exposition, elle-même, suit ce parcours, donne le ton et l’ambition des organisateurs.
    cour de l'Hôtel de Beauvais rue François-Miron.  (© Photos : S. Jodra, 2009).On entre donc par une cour où se trouve une chaise à porteurs, très élégante, qui répond au pavement de la pièce. Les conducteurs et autres personnels d’accompagnement n’iront pas plus loin. Au-delà, un vestibule permet de se défaire de ses vêtements et d’accueillir les visiteurs qui peuvent patienter dans une antichambre qui marque le début du corps de logis. Comme tout visiteur, vous ne resterez pas longtemps dans ces pièces, car l’intérêt vient plus loin, dans l’enfilade.

    Un salon Louis XVI a été reconstitué avec sofa, chaises et guéridon, puis vient une chambre reconnaissable aux lambris et tapisseries qui couvrent les murs ou encore dans le cabinet Napoléon III avec les murs sous forme de bibliothèque en trompe-l’œil. À l’intérieur se trouve un globe de toute beauté. De là, on débouche sur la galerie de portraits où sont illustrés le duc de Richelieu, Alexandre du Sommerard (créateur des collections Cluny) le duc de Soubise (père du concert spirituel) et surtout le portrait de Nélie Jacquemart (propriétaire de ce qui est devenu le musée Jacquemart-André). Ces portraits font galerie d’un aimable jardin qui donne de la fraicheur à la reconstitution.
    Maquette de l’Hôtel de Thélusson
    Après cet intermède plaisant vient le plat de choix de l’exposition : la salle des plans et maquettes. Elle donne vraiment la mesure de ce que furent ces hôtels par l’abondance des exemples et le choix des pièces. Vous y trouverez des survivants comme  l’Hôtel de Cluny, aujourd’hui musée du Moyen Âge, l’Hôtel Lambert qui défraya la chronique l’an passé suite aux travaux envisagés par son nouveau propriétaire : le frère de l’émir du Qatar, Rohan-Soubise (les archives Nationales) , Beauvais, dont le balcon qui reçut Louis XIV et Marie-Thérèse est toujours visible, Toulouse (Banque de France), Sens (Bibliothèque Forney), Biron (Musée Rodin), Salm (Légion d’honneur), l’Hôtel Carnavalet, bien sûr. Mais aussi hommage aux chers disparus,  qui devaient être particulièrement impressionnants, comme l’Hôtel de Montmorency, l’Hôtel de Beaumarchais (à côté de la Bastille), Brettonvilliers (à la pointe de l’île Saint-Louis) et surtout les maquettes extraordinaires de l’Hôtel néoclassique de Thélusson, rue de la Victoire, construit par Ledoux (dont le portrait se trouve dans la pièce) et que les Parisiens payaient pour visiter.

    On s’attardera surtout sur le Palais-Rose (Avenue Foch) où des soirées mondaines eurent lieu jusqu’à la Belle Époque, on pense aux fêtes de Boni de Castellane. On pense aux fêtes du Second Empire, aux bals, aux masques, aux loups, aux crinolines, car dans ces hôtels, si on y vit, on y reçoit beaucoup aussi et du beau monde. Des industriels, des banquiers, le haut pavé, mais souvent aussi le haut trottoir (comme l’Hôtel de la Païva) et des écrivains, des artistes. Cet aspect n’est pas assez évoqué à mon goût, mais je reconnais qu’on est, ici, à la cité de l’architecture, et pas au musée Galliera.

    Au rang des médiations réussies, on notera un écran interactif avec les hôtels du Marais, devant lequel on peut passer des heures, ainsi qu’un film en salle, très intéressant, sur l’Hôtel de Rohan-Soubise. Exposition à la fois érudite et pédagogique qui séduira certainement les amoureux du goût français et de son passé glorieux. Certainement aussi, naîtra l’envie de visiter ceux qui restent et ont été épargnés. On sait qu’ils sont encore nombreux à Paris (500 environ), même si peu sont restés intacts, beaucoup sont des ministères ou des musées. Voire, pourquoi pas, de les acheter pour ceux qui en ont encore les (gros) moyens.

    Du 5 octobre 2011 au 19 février 2012.
    Les lun, mer, ven, sam et dim de 11h à 19h, le jeu de 11h à 21h.

    http://www.citechaillot.fr/exposition/expositions_temporaires.php?id=180
    Présentation par Alexandre Gady, commissaire de l’exposition
    Franck

    Ferrand sur Europe1 nous parle de ces merveilles d’architecture, de décoration, mais aussi d’art de vivre :